Féminisme et économie sociale et solidaire : un bref appel à l’action
Le texte suivant est une traduction du discours de clôture passionné de Marian Díez lors de la récente réunion de convergence du Forum social mondial pour les économies transformatrices .
L’événement de clôture a été rempli de présentations fortes, mais nous avons choisi celle de Marian pour son aperçu de la portée et de la variété de l’économie sociale et solidaire en Espagne et, deuxièmement, pour souligner la nécessité d’une complémentarité intersectionnelle entre les mouvements post-capitalistes. Cet article est également étroitement lié à notre traduction de Une Charte pour l’économie sociale et solidaire .
Tisser des réseaux de solidarité sociale pour transformer l’économie
REAS (Réseau des Economies Solidaires et Alternatives) est un réseau de réseaux créé en 1995. Il regroupe actuellement 14 réseaux territoriaux et 4 réseaux sectoriels dans l’État espagnol. Ensemble, nous parlons de 697 organisations et entreprises qui emploient directement plus de 13 000 personnes et qui ont inspiré plus de 35 000 bénévoles à travailler ensemble pour bâtir cette économie solidaire. À cela, il faut ajouter les milliers de personnes qui travaillent dans des projets coopératifs autour de la finance éthique (près de 8 000) et des énergies renouvelables (plus de 85 000) ou de la consommation de l’agriculture locale (il existe d’innombrables projets CSA dans toute l’Espagne). Ensemble, nous formons un vaste réseau d’organisations qui travaillent à construire une économie alternative et solidaire, capable de transformer nos réalités économiques et sociales.
Et nous le faisons parce que nous nous engageons à diffuser nos pratiques économiques solidaires dans tous les circuits économiques nécessaires pour vivre une vie digne et satisfaisante. Nous voulons être une véritable alternative au capitalisme. C’est pourquoi nos entreprises et organisations :
- Ils sont présents dans le domaine de la production coopérative dans des secteurs tels que l’agroécologie ; gestion, valorisation et recyclage des déchets ; soins et assistance humains; services d’intervention sociale; communications et culture libre, pour donner quelques exemples.
- Soutenir le développement des marchés sociaux, des circuits commerciaux (locaux) de courte distance, du commerce équitable et de la souveraineté alimentaire, tout en soutenant les échanges non monétaires à travers le temps, le troc ou les monnaies sociales.
- Préconiser et défendre une consommation avisée, consciente et transformatrice et une éthique autosuffisante et durable qui couvrent les besoins réels, et non ceux conçus et imposés par les marchés capitalistes.
Toutes les organisations et entreprises REAS se sont engagées à honorer et à développer les principes établis dans la Charte de l’économie sociale et solidaire. Ces principes constituent le fondement de notre identité, de notre compréhension et de notre approche de l’économie alternative. Cet engagement va au-delà du simple formalisme : chaque année, toutes nos organisations réalisent un exercice de bilan social 1 pour évaluer notre engagement envers ces principes de solidarité. Cet exercice est rendu public.
Nous souhaitons co-créer un modèle de développement plus juste, plus participatif, plus humain, durable, féministe et solidaire. Un modèle qui inclut des valeurs telles que le soin et le travail communautaire, l’engagement envers les personnes, l’autogestion, l’entraide et la collaboration. Et nous voulons construire ce processus main dans la main avec d’autres économies en transformation et des mouvements sociaux de résistance, de dénonciation et de critique.

Au cours des dernières années, nous avons tenté d’assimiler les précieuses leçons tirées de l’économie féministe et écologique comme partie intégrante de notre identité en tant qu’économie sociale et solidaire et comme partie intégrante de cet autre monde possible. Nous sommes déjà en contact avec d’autres économies transformationnelles et avons entamé un processus d’alignement sur leurs mouvements.
Jusqu’à présent, cela nous a amenés à considérer la durabilité de la vie comme un principe fondateur de notre discours et de nos pratiques d’organisation. Nous devons reconnaître que nos vies sont à la fois écodépendantes et interdépendantes, et que ces deux types de dépendances matérielles, rendues tangibles par l’écoféminisme, sont à la base de toutes les économies solidaires. C’est la seule manière d’avancer vers la construction de modes de production, de distribution et de consommation qui placent la vie humaine et naturelle au centre de nos systèmes économiques et sociaux ; une économie alternative au service des hommes et de la planète.
Cela nous fait affirmer que l’ économie solidaire doit aussi être une économie féministe. Cela a conduit à la création de stratégies pour rendre nos organisations et nos entreprises féministes. Comment c’est? Éliminer toutes les inégalités de genre présentes au sein de nos organisations, que ce soit dans leurs structures, flux de travail, processus décisionnels, stratégies ou cultures.
Nous préconisons la création d’un agenda commun pour les différents mouvements d’économie transformatrice présents ici aujourd’hui et nous pensons que cet agenda doit être construit aux niveaux local et mondial. Nous pensons également qu’il doit y avoir un programme à long terme pour récupérer cet autre monde qui existe déjà, le monde des économies transformatrices, et pour garantir qu’il soit un monde qui reflète davantage de mouvements, de territoires et de personnes.
Nous pensons que nous devons continuer à tisser davantage de réseaux pour transformer l’économie et la vie !

Produit par Guerrilla Translation sous une licence de production peer-to-peer.
*Écrit par Marian Díez
*Traduit par Stacco Troncoso
*Traduction éditée par Ann Marie Utratel
*Initialement présenté comme un discours lors de la réunion de convergence du Forum Social Mondial pour les Économies Transformatrices .
* Image principale de Mercè Moreno Tarrés (Guerrilla Media Collective) * Toutes les autres images
proviennent de Transformadora.org
1. [L’Équilibre Social ou « Exercice d’Équilibre Social » est une procédure annuelle par laquelle les initiatives d’Économie Sociale et Solidaire de l’État espagnol s’auto-évaluent selon six critères : orientation non lucrative, démocratie interne, perspectives d’équité et féministes, engagement environnemental. participation sociale. engagement et des moyens de subsistance décents. Plus d’informations peuvent être trouvées ici (en espagnol).]